Le
fond ou la forme ?
La cinquième république
se meurt.
Minée par les scandales, la corruption de ses serviteurs, le vieux
régime républicain imaginée par De Gaulle en 1958 pour instaurer un régime
politique stable (profitable aux affaires du Capital) s’effrite sous nos yeux.
« L’Homme Providentiel », cher à ceux qui y croient, n’émerge décidément pas.
Que faire ? Si
nous sommes à 5 républiques, pourquoi pas 6 !
L’essentiel c’est que, de la première à l’actuelle, les banquiers puissent
continuer à spéculer, les industriels à exploiter, que des politicards ramassent
les miettes, que les médias continuent à servir docilement qui les paye et que
le « bon » peuple continue,
comme d’habitude, à courber l’échine tout en votant quand il faut, tout en
servant de chair à canon quand il le fallut.
Qu’est-ce qu’une
république ? C’est la forme que revêt un état à une époque donné, dans le
cadre d’un système donné. Rien de plus. Ce mot ne signifie en aucun cas que la
société sera au service du peuple, que la laïcité protégera des idées
religieuses, que l’armée et la police seront là pour protéger les gens du crime
et de la guerre.
Aujourd’hui dans le
monde il y a beaucoup de républiques. Environ 150 : Centrafrique, Iran,
Congo, Tchéquie, etc …..
Et dans tous ces pays le
mot « république » n’est, comme en France, qu’un slogan publicitaire.
Autant de républiques, autant de système de pouvoirs différents. Ici deux assemblées, là une ; ici le président a
tous les pouvoirs, là aucun, etc….
Mais partout et
toujours : une petite poignée de possédants et une ribambelle de parasites
qu’on appelle l’Etat, chargés de faire tourner la machine, en réprimant s’il le
faut, en endormant la population avec la religion et les médias si c’est
possible.
La décomposition de
l’état républicain français pose un problème à la bourgeoisie. La corruption et
la stupidité de la caste politique – et
elle saute tellement aux yeux de tous -
est telle qu’il va falloir procéder à un grand replâtrage Replâtrage
bien sûr ; car en « démocratie »
bourgeoise on ne change JAMAIS le fond du problème. On change juste les
apparences. Le business doit continuer !
Cela fait quelques
années que, de cette gauche qui pue le « cadavre à la renverse »
comme disait J.P. Sartre, des petits besogneux sont prêts à voler au secours du
capital en danger. Hier Montebourg et Hamon et puis maintenant Valls,
Peillon, Macron et …Mélenchon. Ils veulent tous changer la constitution.
Pas
de révolution ! Juste une évolution.
Ah bon, vraiment ?
L’un veut plus de proportionnelle, l’autre un 49.3 …. « Citoyen », un
autre un Sénat rénové, un quatrième ne veut plus de la cour de justice.…
Mélenchon est le meilleur dans l’esprit : « catalogue pour tout faire en douceur sans faire peur à votre patron et
votre banquier, ni à l’agent de police ».
D’abord la France est le
« pays des droits de l’homme » (et du « vin de Bordeaux » soit dit
en passant !). Les français ont donc un sens inné du bon, du juste, du
vrai. Ça aide !. Ensuite si vous lisez les propositions mélenchoniennes
tous les poncifs sont là : non à l’homophobie, cumul des mandats, éthique
de la justice, déontologie des médias (il faudra expliquer ça à Bolloré,
Dassault et Bouygues !!!)….
Et puis il y a chez
Mélenchon cette obsession de « l’assemblée
constituante ». Avant de trouver la forme républicaine de leur Etat
les révolutionnaires de 1789 ont créé une constituante. Assemblée qui devait fonder
le socle juridique de leur futur pouvoir. Mr Mélenchon ne veut pas dépasser ce
stade. Mr Mélenchon, ne l’oublions jamais, sort de l’école politique du
trotskysme ou l’on apprend – c’est le dogme de toute secte trotskyste - que
si on veut faire la révolution il faut une « période de
transition » qui passe par une « assemblée constituante »
devenant, d’après Trotsky un « double
pouvoir » devant lequel la bourgeoisie devra s’incliner tôt ou tard ……
mais cela ne s’est jamais produit dans l’histoire des révolutions ! Le
beau schéma, ne colle pas à la réalité de la violence de la bourgeoisie.
La mystification de
Mélenchon est sympathique car elle retire la violence de l’image des
révolutions (elle plait donc a toute une frange de petits bourgeois assouplis
idéologiquement par leur position sociale et leur facilité à avaler toutes les
couleuvres sur la « démocratie », le vote, la
« non-violence », la dictature…. Mais elle masque le fait que la violence de l’Etat bourgeois est l’éternelle
épée de Damoclès sur la tête des peuples tant que l’on laisse une once de
pouvoir à la bourgeoisie.
« Nulle part au monde il n’y a et il ne saurait y avoir de milieu. Ou
bien la dictature de la bourgeoisie (dissimulée sous la pompeuse phraséologie
socialiste-révolutionnaire et menchévique sur la souveraineté du peuple, la
Constituante, les libertés, etc.), ou bien la dictature du prolétariat. Celui à
qui toute l’histoire du XIXe siècle n’a pas appris cela est un imbécile fini.
»
Lénine,
« Lettre aux ouvriers et aux paysans au sujet de la défaite de Koltchak » (août
1919). On pourrait ajouter au propos de Lénine : toute l’histoire du
XXième siècle aussi !
La sixième république
est une expression qui en soit ne veut rien dire. Ou plutôt TOUT DIRE.
- Rien
dire, parce que pour les habitués, ceux qui bouffent à la gamelle et qui
se satisfont de leur sort en songeant avec une pensée émue à ceux
« d’en bas » qu’il faut aider, elle opère comme une sorte de
religion du moindre mal teintée de bons sentiments.
- TOUT
DIRE, car c’est le recours ultime de la bourgeoisie pour tenter de refaire
la façade de son édifice politique entrain de pourrir. Et les Mélenchon et
compagnie ne sont, au fond, que des artisans de ce camouflage, de ce
trompe l’œil : faire passer l’Etat bourgeois comme un simple appareil
qu’il suffirait de bien nettoyer pour l’utiliser à nouveau. Un « capitalisme à visage humain » !
Alors, cinquième ou
sixième république, peu nous importe si les banquiers, les industriels,
l’appareil d’état, la police et l’armée, les médias sont toujours là : les
mêmes sous de nouveaux habits.
On peut bien avoir la proportionnelle (on l’a déjà eu !), on peut tirer au
sort au lieu de voter et autres gadgets pour petits bourgeois. Le premier
prolétaire venu sait bien que voter ou pas, tous les ans ou les 5 ans, son sort
n’a jamais changé. Précarité, souci du lendemain, pas d’avenir pour ses
enfants, cherté de la vie …. Les républiques sont passées et le prolétaire est
resté prolétaire.
On a fait appel à lui
pour se faire tuer à la guerre, et il y est allé. On lui a conseillé de voter
sagement car c’était « démocratique » et il l’a fait. Il a protesté
contre son licenciement, on l’a licencié et on a fermé son usine. Il s’est
révolté, on l’a mis en prison, condamné, on lui a tiré dessus. Et il est resté
un prolétaire.
Plus fort encore, on lui a dit qu’il fallait voter car c’était un droit et que
« des gens se sont battus pour ça ».
Pour ça ! Mais quoi exactement ? Certainement pas pour le vote. Mais
l’essentiel c’est de matraquer cette légende (et les gens de
« gauche » en sont les principaux adeptes !). Prolétaires
n’oubliez jamais ce qu’écrivait en 1885 le communard Élisée Reclus.
N’avez-vous pas, vous-mêmes, constaté et éprouvé dans vos vies ce que disait
cet homme qui fut condamné par un tribunal de guerre et banni de France :
« … Voter c’est évoquer la
trahison. Sans doute, les votants croient à l’honnêteté de ceux auxquels ils
accordent leurs suffrages – et peut-être ont-il raison le premier jour, quand
les candidats sont encore dans la ferveur du premier amour. Mais chaque jour a
son lendemain. Dès que le milieu change, l’homme change avec lui. Aujourd’hui,
le candidat s’incline devant vous, et peut-être trop bas ; demain, il se
redressera et peut-être trop haut. Il mendiait les votes, il vous donnera des
ordres. L’ouvrier, devenu contremaître, peut-il rester ce qu’il était avant
d’avoir obtenu la faveur du patron ? Le fougueux démocrate n’apprend-il
pas à courber l’échine quand le banquier daigne l’inviter à son bureau, quand
les valets des rois lui font l’honneur de l’entretenir dans les
antichambres ? L’atmosphère de ces corps législatifs est malsain à
respirer, vous envoyez vos mandataires dans un milieu de corruption ; ne
vous étonnez pas s’ils en sortent corrompus. »
N’abdiquez
donc pas, ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables
et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! »
Elisée
Reclus – 1885 – Voter, c’est abdiquer.
La chose ne se présente pas du tout pareil pour une poignée d’autres. Ceux-là
ont « fait » Mai 68. Ils sortent des universités ou des
« grandes écoles » : les Cohn Bendit (qui appelle à voter
Macron), les Mélenchon, les July, les Jospin, les Cambadélis …..; ils ont
fait des petits eux aussi. Ils sont députés, sénateurs, pantouflent aux
conseils départementaux, dans les mairies, se votent leurs salaires. Que
savent-ils des prolétaires ? Qu’éventuellement ils votent. C’est vrai il
arrive que les prolétaires votent car on peut tromper les gens quand on a les
moyens de les « discipliner », de les distraire.
Mais il y a des moments dans l’histoire ou la conscience des gens se rapproche
de leurs ventres, de leur vie réelle et pas de celle qu’on leur vend au travers
de l’univers factice des publicités de la télé et des mensonges politiciens.
La décomposition actuelle de l’apparence du système politique dans lequel la
France se trouve plongée est une excellente chose.
Elle met à nu ce que
nos maîtres et leurs valets cachaient depuis des décennies. Elle dévoile aux
yeux de tous et de manière massive, évidente, la vraie nature des serviteurs de
l’Etat, que ce soient ceux qui y siègent aussi bien que ceux qui souhaiteraient
y être.
Marionnettes interchangeables, voilà ce qu’ils sont tous : de Fillon à Le
Pen, de Hamon à Mélenchon et leurs sous-fifres.
Alors, dans un premier
temps :
Ni
cinquième république, ni sixième république. Abstention massive.
OCF - 07
Mars 2017 - France