samedi 24 janvier 2015

L’extrême «gauche» menace les ouvriers grecs !

L’extrême «gauche» menace les ouvriers grecs !

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Doit-on se réjouir, ou doit-on pleurer, du drame épique qui se complique dans la République hellénique ? Voici comment la gauche bourgeoise présente l’enjeu des élections « Dimanche 25 janvier, auront lieu les élections législatives grecques. Tous les partis sont présents, y compris ceux qui ont œuvré en faveur des politiques de destruction de l’État et de ses institutions. La commission européenne montre qu’elle suit de très près l’événement. Elle a même eu à intervenir pour mettre en garde la population : en cas de victoire de SYRIZA [Parti d’extrême gauche, paraît-il (sic)! NDLR], elle(…)  menace  de ne pas verser la 3e tranche d’aide, environ 110 milliards d’euros » (1).

Il faut toujours compter sur la gauche bourgeoise pour se gausser de ceux qui tentent de détruire l’État capitaliste, cet ultime rempart contre la colère ouvrière et, de tout temps, un marchepied pour les organisations fascistes, nationales-socialistes et corporatistes de tous vices. En réalité, ceux qui ont davantage collaboré à l’avancement  de la lutte des ouvriers grecs pour la défense de leur condition de vie et de travail et pour leur émancipation de classe, ce sont ceux qui volontairement ou involontairement ont œuvré à la destruction de l’État capitaliste grec et de ses institutions moribondes. Mais que la bourgeoisie se rassure, SYRIZA, le pseudo parti d’extrême gauche (sic), est l’a pour rétablir la situation, crédibiliser les institutions étatiques décriées par les ouvriers, et pour démontrer que sous la gouvernance  gauchiste les conditions économiques désastreuses peuvent encore empirées.

Ne vous fiez pas à ces menaces de la Commission européenne qui ne visent qu’à crédibiliser la fumisterie gauchiste SRYZAISTE. Assurément, si l’Europe des puissants applaudissait à l’élection de SYRIZA, tous les ouvriers du Pirée, les chômeurs, les fonctionnaires saqués, les miséreux, les affamés de Grèce se détourneraient prestement de ce nuage de narguilé patenté. L’opération d’intrusion internationale dans les élections grecques bidon ne vise qu’à s’assurer que le parti de la bourgeoisie paupérisée l’emportera ce dimanche de janvier.

Observons les faits. La Grèce est un pays impérialiste en faillite technique qui malgré tous les crédits arnaqués par la Banque Centrale européenne ne peut pas être remis sur pieds sans d’immenses sacrifices pour les ouvriers. Le très lucide The Wall Street Journal publiait, le 20 janvier dernier, 12 chiffres qui illustrent la tragédie grecque, nous y reviendrons (2).

Mais le grand capital international s’inquiète de la montée de la colère ouvrière et de la résistance populaire dans plusieurs pays d’Europe, en Grèce, mais en Espagne, au Portugal, en Italie et en France aussi. Deux voies s’offrent aux capitalistes mondiaux pour contenir ces mouvements spontanés, désorganisés, désorientés et  virtuellement dangereux pour eux. Premièrement, la voie de l’État policier et de la répression armée par les organes de la milice nationale. Cette voie est utilisée dans le monde entier et la traque des assassins des journalistes parisiens à donner une idée du degré de préparation de la flicaille française dans ce domaine. Mais en Grèce, un problème se pose que nous signalions la semaine dernière (3). La police et la milice grecque ne semblent pas assurées étant donné que les sbires et les salariés de ces institutions bourgeoises sont paupérisés et risquent de ne pas déclencher les tirs croisés sur la foule déchaînée.

Deuxièmement, la voie de la supercherie

La gauche bourgeoise « surfe » donc sur ce mécontentement populaire contre les institutions de répression et se présente à l’alternance de la gouvernance. Le grand capital financier a donc imaginé une supercherie. Carte blanche et financement ont été donnés à la petite bourgeoisie grecque afin qu’elle s’unisse et qu’elle s’organise pour remporter l’élection et la mainmise sur l’État bourgeois dont on s’est assuré au préalable qu’il (SYRIZA) ne le détruira pas, et qu’il tentera de le faire fonctionner selon la légalité du droit bourgeois.

Un apologiste du parti gauchiste illustre parfaitement l’illusion affichée. Il écrit  « [voter extrême-gauche] pour montrer un exemple et essayer de se faire entendre par les autres peuples de l’Europe, dans un but de changer les politiques européennes. C’est sans doute la seule lueur d’espoir aux yeux d’une population catastrophée, lueur qui malheureusement ne donnera pas un changement immédiat des conditions de vie », évidemment et pour tout le temps pourrait-on dire (4).

Un leader de SYRIZA, ayant bien appris sa leçon, annone le refrain que voici : « La victoire décisive de SYRIZA aux élections grecques peut mettre un terme aux politiques des mémorandums et à la stratégie de l’austérité, et déclencher des évolutions progressistes dans l’ensemble de l’Europe. Le 25 janvier, la peur changera enfin de camp : elle sera dans le camp de l’adversaire, des néolibéraux fondamentalistes, qui ont transformé la Grèce et les autres pays dits PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne) en laboratoires d’une expérimentation absurde et barbare » (5).

Dimanche 25 janvier, la deuxième manche

Quelle sera la situation économique de la Grèce au lendemain de l’élection, lundi le 26 janvier ? The Wall Street Journal la présente honteusement : depuis 2008, l’économie grecque a chuté de 25 %; le chômage est à 25.8 % (1,2 million de chômeurs); Grèce = le 3e pays le plus pauvre d’Europe; 23 % de gens sont très pauvre;  70 milliards d’euros de mauvaises créances pour les banques; depuis 2008, les marchés boursiers ont chuté de 84 %; le quart des entreprises ont fermé; et la liste catastrophique s’allonge tristement (6).

La réponse des chefs syndicaux, des politiques révisionnistes, des gauchistes et des bobos paupérisés et radicalisés, à cette situation catastrophique est toujours la même. « Ce gouvernement de gauche aura comme priorités essentielles l’annulation des mémorandums de rigueur et leur remplacement par un plan de développement qui favorisera la restructuration productive. Il s’attaquera immédiatement aux problèmes urgents du chômage, du rétablissement des revenus de la classe ouvrière, des droits sociaux, de la protection législative du travail et de tous les droits démocratiques qui ont été abrogés les dernières années. Dans ce but, la renégociation des accords de prêt avec les créanciers afin d’annuler les clauses abusives, les clauses «coloniales» qui étranglent la population et d’effacer une grande partie de la dette publique, est nécessaire et primordiale. – le rétablissement du salaire minimum à 751 euros (celui-ci ayant été réduit à 586 par les lois mémorandaires) et du treizième mois pour les retraites inférieures à 700 euros ; – la suppression des mesures législatives qui ont permis les licenciements abusifs dans la fonction publique et la réembauche des victimes concernés » (7).

Il est d’ores et déjà facile de prévoir la troisième manche de cette apocalypse. La  gouvernance de la soi-disant «extrême gauche» plongera l’économie grecque encore plus profondément dans l’abîme. Les ouvriers et la population grecque, déjà  éprouvés, pourront constater de visu la détérioration catastrophique de leurs conditions de vie et de travail. Tous les ouvriers d’Europe auront sous les yeux le spectacle affligeant d’un peuple désespéré – paupérisé – sacrifié sous la haute autorité de ce que le patronat aura présenté frauduleusement comme l’avant-garde de l’extrême gauche en déroute (sic) – incapable de faire fonctionner l’économie capitaliste en crise systémique, mieux que les capitalistes n’y parviennent eux-mêmes.

La rupture nécessaire
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La gauche ouvrière aura alors la responsabilité, ayant farouchement dénoncée ces billevesées politiques, ces manigances diplomatiques, ces mystifications économiques, ces mensonges électoralistes, de faire valoir à notre classe, que seul le renversement de l’état bourgeois, le renversement du système capitaliste peuvent apporter une solution définitive à ces alternances de crises, de dépressions, de pauvreté et de guerres pour l’éternité.


Prolétaire du monde entier, unissez-vous !

mercredi 21 janvier 2015

Terreur ou révolution ?



TERREUR OU RÉVOLUTION ?
(À propos des événements survenus en France début janvier 2015)

La violence a frappé à Paris. Des journalistes satiriques sont morts. Des « anonymes » du seul fait de leur religion supposée ont été assassinées. Soixante douze heures plus tard les forces spéciales de l’État tuaient les auteurs des crimes. Et le 11 janvier, à l’appel du gouvernement, près de 4 millions de personnes, défilaient dans toute la France sous le mot d’ordre « Je suis charlie » (du nom du journal Charlie-hebdo dont de nombreux journalistes avaient été assassinés). Le 13 Janvier les députés, unanimes, se lèvent et chantent la Marseillaise.
En peu de jours, pour nous communistes,  ce n’est pas l’histoire qui avancé brutalement. Cette semaine agitée est, avant tout, un révélateur des rapports de forces ENTRE CLASSES dans notre pays.

1.      Le crime : les terroristes.
Les criminels ont été rapidement identifiés comme proches, comme on dit de la « mouvance islamique » ou « djihadiste ». C’est possible, mais leur mort brutale interdit tout procès et donc toute enquête sur leurs motifs, leurs commanditaires. Donc ils étaient et resteront des « terroristes ».
Qui étaient-ils ? Des jeunes gens élevés en France. Ils furent des gosses de banlieues. Ces banlieues qui dans les années 70 se vidèrent peu à peu de leur population « blanche-de-souche » pour aller grossir les rangs des travailleurs des services ou de la fonction publique. Banlieues où les gouvernements successifs ont parqué les travailleurs immigrés, travailleurs à faibles qualifications, à bas salaires. Et maintenant on nous dit que les banlieues sont des « zones de non-droit ». Et gauche comme droite, ils voudraient que de ces « zones de non droit » sortent des « hommes de droit » ? 40 ou 60% de chômage, des trafics en tout genre qui permettent –marginalement -  à certaines familles de payer leur loyer ou leur repas  - au-delà du banditisme de haut niveau et des caïds qui ne peuvent que prospérer dans une telle décomposition sociale -.
Face à ce désastre social le système capitaliste n’a rien à répondre, si ce n’est la force brutale comme on l’a bien vu lors des « émeutes des banlieues » en 2005.
Face à ce désastre social la gauche est politiquement et idéologiquement responsable. Passant peu à peu du prolétariat à la petite bourgeoisie (années 1970), la population militante du PCF (le PS n’avait aucune existence populaire à l’époque !) s’est désengagé des quartiers pour se replier dans ses lotissements. La direction du PCF, G. Marchais en tête, déclarait en 1981 : 
« Il faut résoudre l’important problème posé dans la vie locale française par l’immigration. Se trouvent entassés dans ce qu’il faut bien appeler des ghettos, des travailleurs et des familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes. Cela rend difficiles leurs relations avec les Français. »  (Le même Marchais en janvier 1981, soutenait l'initiative du dirigeant communiste Paul Mercieca, maire de Vitry, qui avait fait raser au bulldozer, le 24 décembre 1980, un foyer Sonacotra où logeaient plusieurs centaines de Maliens (DR). Quelques semaines plus tard il soutenait une initiative similaire du maire de Montigny-les-Cormeilles, Robert Hue. Après avoir été secrétaire national du PCF, Robert Hue a décidé de soutenir François Hollande dès le premier tour).
35, 40 ans plus tard il faut dire les choses comme elles sont : les jeunes de banlieues n’ont aucun avenir. Que peuvent leur apprendre leurs parents rejetés en périphérie de nos villes ? Que peut leur apprendre l’école qui est depuis 1968 le lieu de toutes les expérimentations pseudo-pédagogiques possibles, de toutes les réécritures possible des manuels ?
Faut-il s’étonner que dans ce contexte, ne serait-ce que franco-français, des jeunes cherchent d’autres choses ?
Les hommes se nourrissent de pain, mais ils se nourrissent aussi avec des idéaux. Économiquement laissés pour compte, en conflit avec cette société de « consommation » dont on ne  les laisse approcher que de loin de la vitrine il est tout à fait logique que certains de ces jeunes se laissent attirer par des discours qui ont toujours existé. Et surtout des discours très simples sur le « bien et le mal » et le sacrifice de soi par lequel il faudrait passer.
Ces désespérances  mènent à ce qu’on appelle aujourd’hui le « terrorisme ». Il n’y a rien à condamner, mais pour lutter il faut COMPRENDRE l’origine des choses.
Pourquoi le discours actuel de la gauche insiste-t-il sur les facteurs culturels ? : « Obstacles culturels à l’intégration, intégration insuffisante, islam comme contradictoire avec la république et la laïcité, inadaptation culturelle, etc.
Il s’agit ainsi d’émanciper l’autre malgré lui et si nécessaire par la violence. C’est le « racisme respectable », ne se justifiant pas « contre » le racisé mais s’argumentant de grandes valeurs censées l’émanciper
Dès lors les objectifs de l’action ne sont pas l’éradication des inégalités mais la transformation des personnes c’est-à-dire qu’il s’agit de les civiliser en les assimilant. Ce n’est pas un hasard si le terme d’intégration est vomi dans les quartiers populaires et perçu comme une agression ».(Saïd Bouamama)
Cette vision intellectualiste de la gauche française, ne fait que reprendre les vieux arguments d’un Jules Ferry au 19ième siècle justifiant le colonialisme : " Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures... » (28 juillet 1885).
Les jeunes gens qui ont commis ces crimes à Paris sont le résultat de ces dizaines d’années d’abandon social, culturel, politique. Ils ne sont qu’une poignée en Europe. Mais sommes nous devenus aveugles au pont de ne pas voir que si nous suivons la voie des commis de la bourgeoisie, tout ces Mitterrand, Chirac, Sarkozy, hollande (Pour ne parler que des chefs de bureau), nous suivons la même voie que ceux qui ont amené Hitler au pouvoir avec un peuple allemand dévasté par la crise économique et la liquidation physique de ces chefs politiques et syndicaux ?
Sommes-nous aveugles, nous communistes, pour ne pas voir que nous devons – EN PRIORITÉ – nous adresser à ces hommes et femmes, à ces jeunes rejetés dans l’anonymat des banlieues et des quartiers pauvres ?
Car au fond c’est de eux, de ce peuple des damnés de la terre, précarisés que dépend l’avenir de notre révolution.
Ou bien nous les amènerons sur la véritable compréhension de leur sort, ou bien la bourgeoisie – imperturbable – continuera son œuvre de destruction sociale et idéologique de ces populations pour fabriquer ce que Marx appelait le « Lumpenprolétariat »  - ce « prolétariat et haillons » qui se vendra au plus offrant comme cher à canon de la guerre ou de la contre-révolution.
L’alternative est claire et depuis A. Gramsci elle n’a pas changé :
SOCIALISME OU BARBARIE


2.      Les victimes : des hommes, des femmes, la liberté d’expression.
Les crimes de Paris ont faits plusieurs victimes. Des hommes, des femmes. Des passants, des policiers, des journalistes.
Certains étaient là au mauvais moment, au mauvais endroit et la mort les a fauché comme une bombe sur Gaza.
Les journalistes sont, en France, une caste. Le film « les nouveaux chiens de garde » (2012) permet de bien comprendre l’imbrication réelle des liens entre la presse et les milieux d’affaires).
Les gens de Charlie Hebdo, membres de cette caste, dessinateurs de talent, avaient mis ce dernier ( et depuis plusieurs années) au service d’une « cause » à la mode. L’écrivain israélien Shlomo Sand a écrit le 19 janvier dernier :
« Dans  la majorité des caricatures sur l’islam publiées par l’hebdomadaire, au cours de la dernière décennie, j’ai relevé une haine manipulatrice destinée à séduire davantage de lecteurs, évidemment non-musulmans. La reproduction par Charlie des caricatures publiées dans le journal danois m’a semblé abominable. Déjà, en 2006, j’avais perçu comme une pure  provocation, le dessin de Mahomet coiffé d’un turban flanqué d’une  grenade. Ce n’était pas tant une caricature contre les islamistes qu’une  assimilation stupide de l’islam à la terreur ; c’est comme si l’on identifiait le judaïsme avec l’argent! »           
Et d’ajouter :
« On fait valoir que Charlie s’en prend, indistinctement, à toutes les religions, mais c’est un mensonge. Certes, il s’est moqué des chrétiens, et, parfois, des juifs ; toutefois, ni le journal danois, ni Charlie ne  se seraient permis, et c’est heureux, de publier une caricature présentant le prophète Moïse, avec une kippa et des franges rituelles, sous la forme d’un usurier à l’air roublard, installé au coin d’une rue. 
Un vent mauvais, un vent fétide de racisme dangereux, flotte sur l’Europe : il existe une différence fondamentale entre le fait de s’en prendre à une religion ou à une croyance dominante dans une société, et celui d’attenter ou d’inciter contre la religion d’une minorité dominée. »
Il est probable que les dessinateurs de Charlie Hebdo ne soient pas allés aussi loin dans l’analyse de ce qu’ils faisaient. Issus pour la plupart de l’anarchisme, côtoyant la gauche, comment auraient ils pu penser qu’au-delà de quelques coups de crayons ils servaient une cause qui les dépassait.
Eux, les saltimbanques du croquis, sont morts pour des idées qu’ils pensaient être les leurs. Et Shlomo Sand a bien raison de faire remarquer que dans le «vent fétide » qui souffle sur l’Europe il est trop facile de s’en prendre aux idées d’une « minorité dominée ».             

Pour nous, communistes, le problème de la religion est un problème social avant tout. Marx disait : « La religion est le soupir de la créature accablée, l’âme d’un monde sans cœur, l’esprit d’un état de choses où il n’est point d’esprit. Elle est l’opium du peuple ». Cette phrase qui a été écrite en 1843 n’a pas vieillie.
Qui sont les « créatures accablées » ?  Le monde capitaliste a-t-il un « cœur » ? L’état du monde capitaliste nous incite t il à rêver ?  Et Marx de conclure que si la religion essaie de masquer les réalités pour que nous partions dans des mondes illusoires peuplés de dieux, d’anges ou autres phénomènes « révélés » en attendant la mort qui délivre,, alors – dans ce cas – la religion est une drogue : un  opium.
La religion n’est qu’une forme d’idéal faussé par une perception non matérialiste de la réalité.
S’en prendre, comme l’ont fait, sottement et UNILATÉRALEMENT, les dessinateurs de Charlie Hebdo, à l’Islam est non seulement une faute politique mais un manque de respect NON PAS DE L’ISLAM, mais pour tous ceux de par le monde qu’ils savaient pouvoir être blessés par ces outrances.

Nous communistes nous en avons assez des ces suffisances « occidentales ». Trop de pseudos communistes, de gens de « gauche » depuis des dizaines d’années, nous font des leçons de « républicanisme », nous agitent les leçons de 1789 et des Lumières, pour justifier leur allégeance à l’idéologie dominante. Leur adhésion à tous les abandons des principes du communisme. La révolution de 1789 reste une révolution bourgeoise.
Un rappel à K. Marx semble nécessaire :
« Les philosophes français du XVIIIe siècle, eux qui préparaient la Révolution, en appelaient à la raison comme juge unique de tout ce qui existait. On devait instituer un État raisonnable, une société raisonnable ; tout ce qui contredisait la raison éternelle devait être éliminé sans pitié. Nous avons vu également que cette raison éternelle n’était en réalité rien d’autre que l’entendement idéalisé du citoyen de la classe moyenne, dont son évolution faisait justement alors un bourgeois. Or, lorsque la Révolution française eut réalisé cette société de raison et cet État de raison, les nouvelles institutions, si rationnelles qu’elles fussent par rapport aux conditions antérieures, n’apparurent pas du tout comme absolument raisonnables. L’État de raison avait fait complète faillite » 
Et un auteur moderne d’ajouter :
« Là où nous lisons « homme », « humanité », « citoyenneté », c’est de l’humanité blanche et européenne que nous parlent les Lumières. Certes, dans les Lumières pointent pourtant les premières lueurs de nos valeurs. À condition d’ignorer la traite, la négritude, l’esclavage » (Louis Sala-Molins)
Longtemps il y a eu un malentendu que nous entendons dissiper. Beaucoup de gens de gauche ou se réclamant du communisme sont devenus allergiques au mot « islam ». Ils pensent qu’il faut éduquer correctement les gens pour les « vacciner » contre la religion.
L’islam n‘est pas notre ennemi. Seule la bourgeoisie et l‘impérialisme sont à combattre.
Nous communistes nous disons : les ouvriers sont des frères et des sœurs de servitude. Nous ne sommes pas des anarchistes prompts à pourfendre les images des idoles ou des bobos prêts à marcher derrière les gay prides et autres agitations spectaculaires « à la mode ».
Le seul Charlie que nous respectons, c’est celui qui ne s’est jamais moqué des pauvres et a mis à l’écran leur vie : Charlot (Charlie Chaplin).
Et pour les combats à venir nous tendons la main à tous ceux qui sont prêts à résister. Ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise.
Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas     
Qu'importe comment s'appelle cette clarté sur
leur pas       
Que l'un fut de la chapelle et l'autre s'y dérobât
(Louis Aragon)



3.      1998, 2002, 2015
La mythologie républicaine se construit comme toutes les mythologies. Par des mensonges, des fables (sens originel du mot grec Mythos qui a donné Mythe).
La France républicaine de 1998 c’était ces foules de joyeux lurons aux visages peinturlurés de bleu blanc rouge (black, blancs, beurs) – Notez que déjà seuls les blancs sont nommés comme tels. Les noirs sont devenus « blacks » et le arabes « beurs ».
La France était unie et victorieuse : comme on l’aime !
2002. Ouf on a échappé au fascisme !
On voit sur les écrans des manifestations avec de jeunes gens (blancs) avec des pancartes « j’ai honte d’être français »
Par un coup politique remarquable Chirac arrive à récolter 82% des suffrages pour devenir Président de la République.
L’unité Nationale et Républicaine est passée par là (comme en 1914 et 1939) et la gauche a voté comme un seul homme pour le candidat de la droite. Derrière ses écrans, les commanditaires de la bourgeoisie savourent.
2015, après les crimes parisiens, 4 millions de personnes manifestent sous le mot d’ordre « je suis Charlie ». Sans trop savoir s’il faut entendre le  « je suis » comme étant du verbe être ou du verbe suivre !
La foule n’est pas bigarrée. Les caméras filment des petits groupes de juifs, d’immigrés –à Paris -, mais pas de mélange. Les banlieues ne sont pas là  (pourtant les transports sont gratuits).
A Marseille, fait notable en France, 60 000 personnes seulement dans le défilé. Pourquoi ? Marseille est durement touchée par la crise, gangrénée par le clientélisme, une précarité sans égal des couches populaires.
Marseille nous donne une indication sur le contenu de classe de ces manifestations. Le gros des manifestants en France fait partie de la petite bourgeoisie. Peuples d’employés supérieurs, de cadres, de fonctionnaires… Mais les ouvriers, les chômeurs, les précaires, sont restés chez eux.
Après tout quelles raisons auraient ils de manifester DERRIÈRE Hollande, Merkel, Jaroy et tous ce gratin de la politicaillerie qui les a plumé et va continuer à le faire ?
Les télévisions, le soir même, s’inquiètent. Il n’y avait que 4 millions et les autres ? Nathalie Saint Cricq (« journaliste » à Antenne 2) déclare ouvertement :  « C’est ceux qui ne sont pas Charlie qu’il faut repérer ».
En tout cas la « messe est dite ». Hollande gagne 21 points dans les sondages. Au nom de « l’Union Républicaine » les prochaines lois antisociales et liberticides passeront  comme une lettre à la poste.

Quant à nous, communistes,  nous savons que la petite bourgeoisie a choisi globalement son camp, celui de la collaboration de classe (des individus pourront bien sûr s’en détacher, mais cela restera marginal, un comportement de classe affecte idéologiquement de manière durable des millions de gens).
Elle l’a choisi car elle croit encore pouvoir maintenir son statut (ses syndicats arrivent encore à la tenir éloignée de la précarité du reste du peuple).
Elle l’a choisi car elle est farouchement républicaine et croit aux valeurs « universelles » des Lumières et de la Révolution française. Donc elle vote.
Elle l’a choisi car elle a eu peur. Cette couche sociale instable, n’aime pas les risques de changements brusques. Les prescriptions pour anxiolytiques, hypnotiques ont bondi de 18,2% après le 10 janvier 2015. La lecture de Marx serait préférable à l’usage d’hypnotique, mais on ne refait pas la petite bourgeoisie !

                                  *    *    *
La période qui s’ouvre nous a permis, mais a aussi permis à la bourgeoisie, de savoir « où sont nos amis et ou sont nos ennemis ». Et c’est une bonne chose.
Une bonne chose uniquement si nous savons en tirer tous des enseignements sur l’orientation de nos tâches politiques et de la cible sociale que nous devons atteindre.
Ceux qui croient que l’internet, les forums et autres système dits « de communication » sont la clef ou même une des clefs de la propagande se trompent lourdement.     
Ils ne font que se renfermer dans leur solitude, forts de leurs « justes certitudes » en attendant que les services de l’Etat coupent les tuyaux. Et là ce sera trop tard.
Aujourd’hui comme hier, comme tous les communistes qui ont œuvré dans les temps passés, il nous faut aller vers les masses. Parler avec les gens, tisser des liens. Construire.
La situation économique et politique française et mondiale est grave. La disparition politique du prolétariat n’est pas sa disparition physique.
Le révisionnisme moderne initié par Kroutchev a balayé les efforts de millions de communistes. Les partis soi disant communistes actuels sont des coquilles vides, accessoires du pouvoir avec leurs complices « socialistes ». Les syndicats sont des structures d’encadrement et d’abdication devant le patronat (accessoirement des nids douillets pour quelques permanents).
Mais le monde ne se résume pas à la France. De part le monde des centaines de millions d’hommes travaillent dans des conditions lamentables. Partout en Asie, en Afrique, en Amérique Latine des hommes et des femmes sont à la peine – en partie pour que nous nous vivions à peu près décemment –
Être communiste c’est lutter ici en pensant à eux. Pas pour se mettre à leur place. Pas pour leur dire ce qu’il faut faire. Tout simplement pour affaiblir notre impérialisme qui les exploite. Le meilleur service que nous puissions leur rendre ce serait de faire la révolution ici. La révolution est aussi un devoir anti impérialiste.
Dans ces périodes troublées il est parfois difficile de s’y retrouver. Ce texte n’a d’autres buts que de fournir des éléments de discussions et de réflexions.
Dans ces périodes troublées quand la bourgeoisie se met à flatter le peuple comme elle l’a fait ces jours derniers, il est bon de se rappeler cette phrase de K. Marx :
 « Quand j’entends parler de peuple, je me demande ce qui se trame contre le prolétariat ».

                                          OCF  --  Janvier 2015