GRECE : tragédie ou comédie ?
Dans son livre "Le 18 Brumaire" K. Marx écrit :
"Hegel fait quelque part cette
remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent
pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d'ajouter : la première fois comme
tragédie, la seconde fois comme farce."
Il nous aura donc été donné de voir en ce début de juillet
2015, et pour ceux qui connaissent un peu l'histoire du peuple grec, la
deuxième partie de l'écrasement d'un peuple. Au sortir de la deuxième guerre mondiale
les monarcho-fascistes soutenus militairement par les anglo-américains n'hésitèrent
pas à organiser une guerre sans pitié contre ce peuple qui ne demandait qu'à
vivre libre, hors de toute tutelle. La
tragédie était jouée.
70 ans plus tard, la farce (électorale) sert de décor à une
farce aux conséquences incalculable pour le peuple grec. Il revient à de jeunes
lycéens grecs se réclamant de l'anarchisme d'avoir peut être écrit, le plus
clairement qu'il soit, le "choix" qui fut proposé aux grecs en ce
sinistre 5 juillet 2015. Nous leur laissons la parole :
"L’Etat grec est à la recherche de complices.
Le référendum est la meilleure façon de les trouver. En offrant généreusement
des illusions de libre-arbitre et en nous faisant contribuer au projet de son
renforcement, son désir le plus fou est matérialisé : Nous serons ceux qui
fermerons leur propre pierre tombale ! Le dilemme est simple : oui ou
non ? Mauvais créanciers étrangers ou bonne gestion de l’État par la
gauche ? Mémorandum lourd ou léger ? Mesures coûtant 12 milliards ou
8 milliards ?"
Note : Ont appelé au référendum : les conservateurs de la Nouvelle démocratie
(équivalent de l’UMP-LR),- les socialistes du Pasok (équivalent du PS),- les
centristes du parti To Potami (équivalent du MoDem),- la droite souverainiste
des Grecs indépendants (ANEL), partenaire de coalition de Syriza, (équivalent
du FN ou de DLF),- et même les communistes du KKE !
En effet les employés provisoire du capital en Grèce, Syriza
et Tsipras (en alliance avec la droite nationaliste !) jouent aux petit caïds
et manipulent le peuple. Mais qui nous fera croire que Tsipras est un ingénu
?
Tspiras aujourd'hui joue le rôle qu'on lui a autorisé
à jouer : manipulateur, charmeur, pour maintenir 1 an, 6 mois .... ? le pouvoir
du capital en Grèce. Jamais il n'a dit qu'il voulait quitter l'Europe, l'Euro
et l'OTAN. Il a dit l'exact contraire. Seuls les sourds et les bobos gogoche de
salon veulent y croire.
Donc Mr Tsipras joue au malin. Le référendum bidon était-il
programmé de très haut ? Peu nous importe au fond.
Il fallait un exécutant. qu'il soit "local"
(grec) ou d'ailleurs. Et les grecs ont voté : 61% pour le "non" (un "non" de
mendiant, pour soi-disant renégocier avec l'Europe; Europe (capitalistes
européens) qui n'a de cesse depuis 70
ans de saigner ce peuple au nom de sa proximité avec la Turquie et que ne lui a
jamais pardonné d'avoir tenté d'abandonner sa souveraineté sans combattre.
Mais STOP. On nous
ment sur toute la ligne. 41% de grecs ce sont abstenus ! Résultats
officiels en fonction des INSCRITS :
Et Mélenchon,
Hollande, certains souverainistes s'extasient :
"la démocratie a triomphé". Et de rêver - demain peut être - à
une rustine du même style avec Podemos en Espagne, le Front de
"gauche" en France ....
L'illusion mortelle de la démocratie
bourgeoisie.
Ce référendum grec est l'illustration parfaite de ce dont le
capitalisme est capable pour conserver son pouvoir. Pour le moment la
"voie pacifique" vers le capitalisme au travers des élections
triomphe en Europe . Nos jeunes amis grecs l'ont bien formulé : " .....En
offrant généreusement des illusions de libre-arbitre et en nous faisant
contribuer au projet de son renforcement, son désir le plus fou est
matérialisé : Nous serons ceux qui fermerons leur propre pierre
tombale !.....
Quelle merveille
pour les capitalistes que d'avoir des populations entières (moins les
abstentions !) qui acceptent, démocratiquement, de se laisser plumer - ou pire
de choisir COMMENT se faire plumer!
Mais ce système
fonctionne tant qu'il y a de l'argent pour payer .... les pauvres. Pour
"aider" les "déshérités" à maintenir la tête hors de l'eau.
Des RSA par ci, des allocations par là, des CMU, des Restos du cœur....
Dans cette crise
profonde du système capitaliste tout cela est de l'argent gaspillé. La loi
d'airain du Capital : le profit maximum, est entravée dans son avidité. Il
faudra faire payer encore plus les pauvres (ils sont les plus nombreux !).
Les
capitalistes s 'en sont sortis en fabriquant de la monnaie de singe en masse.
Mais cette masse monétaire devient un danger pour eux car elle ne repose pas
sur des usines, sur l'industrie, sur la création de biens matériels, sur la
seule exploitation des hommes.
Directeur de la banque d'Italie
Président de la Banque Centrale européenne.
Le grand serviteur du capital financier.
C'est le propre du
Capital Financier d'être la phase autodestructrice du capital en général. L'argent
ne fait pas de l'argent. Il n'y a de richesses que par l'exploitation du
travail humain.
Marx expliquait que
cela conduisait à une "paupérisation
absolue", en d'autres termes, le capitalisme n'a pas d'autres
"choix" (dans cette phase particulière) que d'appauvrir, jusqu'à la misère, la faim, la dépression ...
l'immense majorité des peuples.
Ce qui est nouveau
aujourd'hui c'est l'apparition - en tant
que structure politique, en tant que
CLASSE CONSTITUÉE, - de la classe petite
bourgeoise : cadres, fonctionnaires, employés de niveau supérieur; Syriza, Podemos, Front de gauche, M'PEP.... en
sont les émanations.
Les partis qui ont
le titre de "communistes" ayant été détruits par des années de
collaboration de classe et de trahison (avec l'aide des syndicats qu'ils
dirigeaient alors), ne peuvent plus prétendre à fédérer le fer de lance de tout
changement social : la classe ouvrière (celle qui n'a pas d'illusions sur son
sort et qui n'a rien d'autre à perdre que ses chaines).
Le champ est donc
libre pour tous les illusionnistes.
Mais
pourquoi tiennent il donc autant à la Grèce ?
L'enjeu grec c'est
celui d'un laboratoire politique, économique et géo politique.
Laboratoire
Politique :
Dans les pays arabes
ou les ex-pays de l'Est nous avons assisté à des "révolutions de couleur",
avec des noms de fleurs et de parfums. C'était la phase directe de l'interventionnisme
américano-européen dans les affaires intérieures de pays souverains (Géorgie,
Yougoslavie, Tunisie, Libye, Egypte, etc ...). Mise en place directe de
pouvoirs militaires ou mafieux.
La
"ficelle" commençant à être usée il fallait s'adapter à la
"mentalité européenne" et aux sociologies spécifiques de ces pays que
l'ont dit "avancés".
Deux ingrédients
sont à la disposition des capitalistes : l'électoralisme encore vivace
et une classe petite bourgeoise importante, structurée, qui sent qu'elle
va perdre son statut privilégiée.
Et c'est là le sens
réel de ce référendum grec du 5 juillet dernier. L'Espagne et d'autres pays du
sud suivront cette méthode.
Pour la France c'est déjà fait. Le coup d'état a réussi le jour de
l'Election de Mr Hollande. La Loi Macron, les lois dites
"sécuritaires" ont cassé le code du travail, validé la privatisation
du secteur public, autorisé la précarité...
Et de toute façon si
les méthode électoralistes, parlementaires, ne suffisaient pas, - les grecs ont
l'habitude - on trouverait toujours quelque général ou colonel prêt à "sauver
la patrie".
Laboratoire économique :
les instruments
qu'utilisent les capitalistes pour appauvrir les peuples doivent constamment
être affinés (cela s'appelle la lutte des
classes). Jusqu'à présent seules de petits pays comme l'Irlande avaient
servis de laboratoire. La Grèce (le peuple grec) est déjà extrêmement affaiblie.
Les hôpitaux ferment. Selon
Liani Maili, présidente de Médecins du Monde Grèce, la régression ne s’arrête
pas là. « La mortalité infantile a augmenté de 43 % »,
indique-t-elle. « Ici, la situation est extrême. On assiste à la
décomposition pure et simple du système de santé. Il y a des millions de gens
exclus du système. Et ceux qui en bénéficient ne peuvent y avoir accès, car il
a fermé ses portes. Il y a aussi ceux, de plus en plus nombreux, qui ont un
travail et un salaire, mais qui ne peuvent payer leurs médicaments. Ceux-là
aussi, on doit s’en occuper. La situation est tragique. »
De fait, après six années de récession, le nombre des
non-assurés en Grèce est estimé à trois millions, soit plus d’un quart de la
population. Sans parler des 28 % de chômeurs qui souvent n’ont plus de droits. Fermeture
brutale de tous les centres de sécurité sociale (sous Tsipras)....
Alors laisser la "gauche"(Syriza) arriver au pouvoir c'est un excellent moyen
de tester JUSQU'OU on peut écraser
un peuple sans qu'il se révolte. Jusqu'à quel degré d'illusion peut on pousser
un peuple pour qu'il accepte de se soumettre ?
Au demeurant ce dimanche 12 juillet on pouvait entendre sur
France Intox un député grec revendiquant pour la Grèce (le peuple grec ?) le droit de
choisir : "SON processus d'austérité" !!!
Laboratoire géo-politique :
La Grèce contrôle le débouché de la Mer Noire sur la
Méditerranée. Au Nord de la mer noire se trouvent les grandes bases militaires
navales russes. Le passage libre de la flotte russe est un enjeu stratégique.
Poutine ne s'y est pas trompé en proposant fin juin 2015 que l'oléoduc
"south stream" passe par la Turquie et la Grèce (il offre 5 milliards
de dollars si cela se concrétise !).
Les U$A ont réagi immédiatement en envoyant un émissaire en Grèce
et auprès des autorités européennes.
Mais la Grèce c'est aussi le grand port commercial du Pirée.
En Mars Tsipras a annonce (contrairement à ses promesses!!) que l'Etat
grec céderait ses parts majoritaires à la Chine (qui détient les autres !).
Là aussi il s'agit d'un point stratégique pour le commerce
international. Le Pirée étant le passage obligé des marchandises transitant par
le canal de Suez. Et L'Egypte vient de doubler la capacité de transit du canal
en faisant de gigantesques travaux.
La Grèce enchainée :
L'Europe ( les capitalistes ) ne peut pas se passer de la Grèce.
A la fois port majeur mondial, verrou de la marine russe, on comprend bien que
peu importe ce que pensent les grecs, la manière dont ils vivent. Ils DOIVENT
rester des bons petits toutous attachés à la laisse de l'UE et de l'OTAN.
Que la Grèce sorte ou pas de l'Europe peu importe au fond.
Qu'il s'agisse d'un contrôle direct ou indirect ce pays et son peuple sont pris
en otage par les capitalistes. Il est le théâtre de grandes rivalités entre russes,
étasuniens, chinois, européens; et il doit demeurer sous dépendance. Voici
le fond du problème grec.
Le capitalistes étasuniens ont étranglés ce pays à travers
la banque Goldman Sachs pour le mettre à genou. Aujourd'hui on voit le
résultat.
Quelles perspectives pour le peuple
grec ?
Le KKE (parti communiste grec) l'équivalent du
P"c"F qui a appelé à l'abstention au référendum a déclaré : " le KKE appelle le peuple à utiliser
le référendum comme une occasion de renforcer son opposition à l’UE, afin de
renforcer la lutte pour la seule sortie réaliste de la barbarie capitaliste
d’aujourd’hui. Le contenu de cette sortie est : RUPTURE-DESENGAGEMENT DE
L’UE, ANNULATION UNILATERALE DE LA DETTE, SOCIALISATION DES MONOPOLES, POUVOIR
DES TRAVAILLEURS".
Paroles en l'air. Comme d'habitude les partis révisionnistes
(communistes en parole, traîtres dans les faits) se contentent de déclaration
qui ne coûtent rien : "sortie réaliste"... "désengagement de l'UE"...
"Annulation de la dette"..."Socialisation des
monopoles"..."Pouvoir des travailleurs".....
Très bien Messieurs, mais COMMENT allez vous réaliser
cela ? Par les élections démocratiques, en disant à vos armateurs et vos popes
de faire leur valise, en réquisitionnant leurs biens avec votre ....Armée, votre police ? Ils vont céder leur pouvoir comme cela ? Mais
qui va vous croire ?
Cela fait des dizaines d'années que vous avez collaboré à
ce système comme vos clones en France, en Allemagne, en Espagne, partout en
Europe, et vous croyez que les gens vont aller se faire massacrer pour vous ?
Honte à vous qui avez participé à l'effondrement politique
du prolétariat grec ! Vous avez désarmé politiquement et idéologiquement le peuple
grec. Nul ne croit plus à vos mots d'ordre, nul ne vous suivra. Vous aurez
simplement, comme beaucoup d'autres, fait le lit du fascisme qui partout renaît
en Europe et est au pouvoir en Ukraine.
Quelles leçons pour les communistes ? :
Bien sûr les peuples du monde et les communistes regardent
avec attention le "cas" grec. Bien entendu nos pensées sont avec ce
peuple qui va se faire - inéluctablement - écraser par les puissances
capitalistes.
Beaucoup de camarades en Europe et ailleurs doivent tirer
les leçons du "cas" grec.
La première d'entre elles c'est que sans
avant-garde, sans parti communiste, un peuple n'est rien. Nous ne devons pas
céder au pessimisme mais apprendre de l'histoire qui se déroule sous nos yeux pour
renforcer nos relations internationalistes, pour développer rapidement des
organisations communistes.
Les partis de la "gauche", c'est à dire de cette
classe petite bourgeoise qui est entrain d'enterrer le peuple grec doivent être
considérés comme des Kollabos dans tous les pays. Il n'y a aucun compromis à
faire avec des podemos, des Mélenchon, des socialos ... Ce que nous avons à
créer doit être en dehors de tous ces grenouillages.
La tentation nationaliste exprimée par certains gauchistes
(alliés parfois à des souverainistes bourgeois comme le PR"C"F en
France) au nom de la révolution bourgeoise de 1789 et du vieux Conseil National
de la Résistance, est tout autant un danger pour les communistes de la phase de
l'impérialisme si bien décrite par Lénine.
Ce n'est qu'indépendamment de ces cliques que nous pourrons
édifier l'outil strictement nécessaire pour transformer la société, les
rapports sociaux; pour éviter que le "cas grec" ne se reproduise : Un parti communiste.
France 12 Juillet 2015
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